Les Échos: Madonna rebondit avec "Rebel Heart"

« Rebel Heart », treizième album studio de la star quinquagénaire, est d’une excellente facture. Production haut-de-gamme, collaborations branchées, bonnes chansons... N’en déplaise aux cassandre, la « Madone » reste au top de la pop...

Il est parfois difficile de comprendre pourquoi un artiste soudainement ne suscite plus le même enthousiasme que jadis. Pourquoi une star de la trempe de Madonna doit redoubler d’efforts pour que son nouvel album ne passe pas inaperçu.

« Rebel Heart », treizième livraison studio du nom en trente-cinq ans de service n’a rien à envier à ses prédécesseurs. On y retrouve bien ces collaborations extérieures qui lui donnent une touche d’avant-garde chic. Citons le DJ Avicii, l’incontournable Pharell Williams, le rappeur Kanye West, le OneRepublic Ryan, Tedder qui a travaillé avec Beyoncé et Timbaland... enfin et surtout le branché Diplo DJ qui a collaboré avec M.I.A., Santigold et Snoop Dogg.

Les premiers morceaux entendus, qui sont également ceux que l’on découvrira d’abord sur l’album conjuguent pop (le côté danse) et sonorités modernes (souvent à base d’électronique). « Living For Love » est particulièrement efficace, grâce à un break robotique. « Devil Pray » s’amorce sur un riff de guitare acoustique et met spécialement la voix de Madonna en avant, en rappelant légèrement la période « Music » jusqu’à cet improbable mix de « deep house » au beau milieu. Quand à « Ghost Town » c’est une bien belle ballade… On pourrait disséquer chacun des 19 (sur la version de luxe, 14 sinon) titres ainsi et ne rien trouver à redir

Légère bouderie

Quid de la suite ? Son envie de travailler avec Stromae, effacera t’elle sa chute aux Brit Awards ? Sa déclaration émue au survivant de Charlie Hebdo Luz sur le plateau de Nulle part Ailleurs, gommera-t-elle sa ridicule robe fesses nues des Grammy Awards? Et son envie de partager un thé avec Marine Le Pen, invalidera-t-elle son alarmante réflexion sur l’état de la France sur les ondes d’Europe 1, lorsqu’elle s’y déclare effrayée par le niveau d’intolérance ? Car Madonna n’a jamais eu sa langue dans la poche, et a toujours aimé faire parler d’elle, c’est l’une de ses recettes, et c’est sans doute la raison de cette légère bouderie aujourd’hui. Les nouvelles générations ne lui demandent pas son avis.

Côté paroles d’ailleurs, elle n’a rien perdu de sa superbe. Provocatrice lorsqu’il s’agit d’organiser la plus belle teuf jamais rencontrée « (Bitch I’m Madonna ») ou lorsqu’il s’agit d’évoquer certaines perversions sexuelles raffinées ( « Holy Water »), elle fait bien attention à l’essentiel, ne pas aborder de sujets qui pourraient fâcher les programmateurs américains. C’est la base pour pérenniser l’état de grâce au pays de l’oncle Sam... oui, il faut du métier pour réussir à vendre 300 millions de disques.

A l’écoute de ce « Coeur Rebelle », il est probable que le désamour du public sera juste une parenthèse, que Madonna ne va pas tarder à revenir au top, car la dame sait enregistrer de bons albums. C’est quand même la première chose qu’on lui demande.